Dès les premiers temps de la domination des Francs en Gaule, l’espace gascon est le théâtre de multiples révoltes et guerres civiles. Les difficultés qu’ont les souverains francs, mérovingiens puis carolingiens, à soumettre la région permettent à l’aristocratie locale d’imposer une dynastie autochtone à la tête d’un duché de « Vasconie ». Intégré en 781 au royaume d’Aquitaine qui s’étend des Pyrénées à la Loire, ce duché acquiert une large autonomie dès la première moitié du IXe siècle. Au milieu du XIe siècle néanmoins, à la faveur d’une crise successorale, la Gascogne passe sous le contrôle des ducs d’Aquitaine. Alors à la tête du duché, la dynastie des comtes de Poitiers tente de donner une cohésion à ce vaste ensemble territorial aux langues et aux coutumes bien différentes. La place exceptionnelle accordée à la Gascogne sur la célèbre mappemonde du Beatus de l’abbaye de Saint-Sever (Landes), réalisée pendant cette phase de basculement dynastique, ne correspond alors plus aux réalités politiques.   
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Représentation de la Gaule, de l’Aquitaine et de la Gascogne sur la mappemonde de Saint-Sever (XIe siècle). Bibliothèque nationale de France, Beatus de Saint-Sever, Latin 8878, folio 45v-bis.
 
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Reliquaire de Thomas Becket, ateliers de Limoges (premier quart du XIIe siècle). Musée national du Moyen Âge 
 
  En Gascogne, la suzeraineté du duc n’est pas contestée mais l’Armagnac, le Comminges, le Fezensac, la Bigorre et le Béarn échappent peu à peu à son autorité. En Poitou et en Limousin la situation est différente. À l’ouest les seigneurs reconnaissent la suzeraineté ducale mais s’efforcent d’en limiter les pouvoirs. À l’opposé, les barons établis dans les zones orientales bénéficient d’une position marginale propice à l’affirmation de leur autonomie. Ces terres éloignées du pouvoir central sont en effet en contact direct avec les prétentions capétiennes et si certains de ces seigneurs des confins se reconnaissent vassaux du duc d’Aquitaine, ce dernier évite d’intervenir dans leurs domaines. Ce compromis politique s’explique par deux raisons : d’abord parce que le duc d’Aquitaine est lui-même vassal du roi de France, ensuite parce qu’il souhaite éviter un transfert d’hommage des barons vers un autre prince. La période se caractérise donc par le règne des seigneurs féodaux dont la fidélité s’obtient davantage par négociation plutôt que par soumission. Au XIIe siècle, l’Aquitaine est surtout renommée pour être un foyer de la nouvelle culture courtoise et de la poésie des troubadours. Depuis le duc Guillaume IX (1087-1127), la cour ducale est sans conteste la plus raffinée du royaume de France. Les ateliers d’enluminures se multiplient sur le territoire et ses alentours (Moissac, Limoges et Albi sont passés à la postérité). Les orfèvres du Limousin se spécialisent dans les émaux et confectionnent des objets exportés dans toute l’Europe. 
L’important réseau de voies de circulation maritimes, fluviales et routières dont bénéficie le duché permet aussi la diffusion de l’art roman depuis le Poitou jusqu’au Languedoc. Largement encouragé par les donations pieuses et le mécénat, le développement architectural de ce nouveau style artistique est encore favorisé par l’essor du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle dès le XIe siècle.   
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Portail roman de l’église de Notre-Dame de Castelviel (Gironde), milieu du XIIe siècle