En 1995, la thématique des rencontres et des échanges avec autrui est mise à l’honneur par la revue Medieval encounters : Jewish, Christian, Muslims in confluence and dialogue, dont le but est de mettre en valeur les interactions entre les cultures des XIVe et XVIe siècles, dans une perspective comparative. OEIL 2 
  Le thème prend de l’importance et les historiens s’en emparent. Pierre Bauduin, notamment étudie le processus d’acculturation qui caractérise les relations et échanges entre groupes. En outre, le sujet de l’agrégation et du CAPES d’histoire en 2000/2002 portant sur « Les relations des pays d’Islam avec le monde latin (milieu Xe-milieu XIIIe siècle) » sort du paradigme de la confrontation et invite à étudier les différents groupes et ensembles, coexistant de part et d’autre de frontières soudainement plus floues. Au début des années 2000, les historiens travaillent à repenser l’intégration de l’autre, sa culture, sa religion, au sein de sociétés auxquelles il est étranger. Les affrontements, jusqu’alors placés au premier plan de l’histoire, entre chrétiens et musulmans au cours des croisades, sont écartés, au profit de l’étude des influences, des liens, des découvertes qui se sont tissés au fil du Moyen Âge.    MEDIEVAL CULTURES Couverture du livre Medieval cultures in contact, 2002
  Ce virage s’affirme en 2003 grâce aux travaux de Richard Gyug, qui pointe le fait qu’au contact des autres cultures, chaque société change, parfois au point de créer de nouvelles sociétés, que ce soit par la proximité avec une frontière ou via des échanges. L’acculturation fait alors partie intégrante de l’étude de l’Autre, thématique au cœur du colloque « Identité et ethnicité : concepts, débats historiographiques, exemples : IIIe-XIIe siècle » (2008) : autour de Pierre Bauduin, Véronique Gazeau et Yves Modéran, des spécialistes se sont interrogés sur l’ethnogenèse, le processus d’acculturation, et son impact sur la construction de l’identité et de l’ethnicité. C’est notamment au cours de cette rencontre que P. Bauduin définit l’identité ethnique comme un « processus de construction (et de reconstruction) par lequel les individus et les groupes s’identifient eux-mêmes par rapport aux autres dans des contextes spécifiques » (P. Bauduin, p.7). L’ethnogenèse, envisagée ainsi d’un point de vue pluridisciplinaire notamment en histoire et archéologie, ne forme pas un modèle immuable.  

IDENTITE

Couverture du livre Identité et ethnicité : concepts, débats historiographiques, exemples : IIIe-XIIe siècle, 2008 
   De Décembre 2015 à Janvier 2016, à la Maison de la Recherche de la Sorbonne, trois séminaires, organisés par les doctorants d’histoire médiévale, s’articulent, dans une démarche comparative, autour de la thématique « Cultures de l’autre : rencontre, rejet, échange », sous la direction de Viviane Griveau-Genest et Pauline Guéna. L’altérité est mise à l’honneur, de même que les groupes, les individus, et surtout leur rencontre, mais aussi le processus de construction de l’Autre par certains groupes. L’historien, désormais, analyse et déconstruit les mythes   QUESTES Couverture du livre Culture de l’autre : rencontre, rejet, échange 

  Les étudiants de Master 2 ont décidé cette année de privilégier cette thématique qui constitue l’un des points communs des sujets de recherche de leur mémoire.

   Le thème abordé, « L(es) Autre(s) : (se) représenter, (se) construire », invite à questionner les représentations médiévales de soi et de l’autre et les processus de construction identitaire qui les sous-tendent. Quelles visions les auteurs médiévaux ont-ils de leurs contemporains ? Comment se tissent leurs relations ? Comment et dans quel but l’autre est-il décrit ? Comment enfin, à différentes échelles, la représentation de l’autre participe-t-elle de la construction de soi ? telles sont les questions qui animent la construction de cette journée d’étude, sous la forme, cette année, d’une exposition virtuelle.