Les nécrologes et obituaires sont des documents où une communauté religieuse enregistrait au fil du calendrier les anniversaires à célébrer pour tel ou tel défunt avec au moins le montant de la rente afférente. Dès le xviie siècle, ces documents ont attiré l’attention des érudits qui en ont recopié des extraits après y avoir puisé de quoi compléter des listes abbatiales ou épiscopales. Une approche globale de ces documents offre bien plus car ils montrent le réseau de relations des institutions et leur ancrage social et géographique. On peut y puiser aussi des renseignements sur l’évolution des noms de baptême, ou des pratiques liturgiques accompagnant les suffrages pour les défunts, surtout avec leur inflation à la fin du Moyen Âge qui livre aussi des obituaires extrêmement détaillés. La succession de ces documents  peut parfois montrer comment évolue la gestion mémorielle d'une même communauté (Saint-André et Sainte-Croix de Bordeaux).

 

Dans la collection des Obituaires du Recueil des Historiens de la France, l’édition s’accompagne, entre autres, d’une présentation détaillée des manuscrits (aspects codicologiques et paléographiques). On rencontre des obituaires copiés d’une seule main mais copieusement annotés, ou composés au fil du temps par des dizaines de mains successives, et ce sur une période de 100 à 150 ans. Il en résulte des documents d’une analyse parfois très complexe. Pour les institutions n’ayant laissé que peu ou pas d’archives anciennes (Clairac, Saint-Émilion), le nécrologe ou l’obituaire apportent ainsi des éléments sur la vie et l’évolution de la communauté. On peut aussi envisager ces mansucrits des pièces d’un ensemble de documents liturgiques ou pratiques (conservés ou non) témoignant des procédés administratifs et de l’emploi de l’écrit, et ce de la latinité la plus correcte à des niveaux de langue plus rudimentaires.