TOLEDO
Église San Román, Tolède © WikiCommons.org 
 

LES CULTURES POLITIQUES DANS LA PÉNINSULE IBÉRIQUE ET AU MAGHREB  (Ve- début XVIe siècle)

Ecole thématique

L’histoire médiévale de la péninsule Ibérique et du Maghreb souffre encore d’un singulier paradoxe. Ces régions furent à cette époque un carrefour exceptionnel de cultures politiques, qui s’y sont rencontrées, heurtées et mélangées, au rythme des conquêtes et des circulations. Des pratiques et les imaginaires politiques, en provenance du monde latin et des pays d’Islam, y furent adaptés, transformés, détournés et réinterprétés, parfois sous formes de métissages et d’hybridations inédits et originaux. Des politiques de coexistence, d’intégration ou d’exclusion y furent inventées entre des sociétés d’une grande diversité. Pourtant, la délimitation rigide des champs de recherche, entre « orientalistes » et « occidentalistes », dont chacun se développa moins en fonction d’un objet historique qu’au regard d’une spécificité linguistique, a escamoté les perspectives et longtemps retardé l’émergence d’une histoire à parts égales. Il y a une quarantaine d’années, des pionniers ont proposé une histoire comparée des mondes chrétien et musulman, fondée sur une approche pluridisciplinaire. Mais si cette histoire a contribué de manière décisive à décloisonner les horizons, elle a maintenu, à son insu, une vision dualiste et différentialiste, entre deux blocs conçus comme antagonistes et homogènes.

Aujourd’hui, l’essor de l’histoire globale peut permettre de renouveler questions et perspectives, en les fondant sur une connaissance égale et partagée du foisonnant monde latin et du monde islamique dans toute sa diversité politique et culturelle. Il s’agit donc de traiter d’une histoire multipolaire, qui ne soit plus exclusivement délimitée par une approche axée sur la confrontation entre la Chrétienté et l’Islam, ni rigidement encadrée par des historiographies nationales focalisées sur le rassemblement progressif de leurs territoires et indifférentes aux mondes environnants. Il convient plutôt d’agrandir la focale et d’élargir l’espace-temps, de manière à situer l’histoire de la péninsule Ibérique et du Maghreb dans un contexte plus large : à l’amont, en prenant en compte la diversité des héritages antiques, qui furent mobilisés dans la construction de ces cultures politiques ; à l’aval, en élargissant les perspectives à l’expansion ibérique dans le monde, à l’orée des temps modernes. Cette approche permet également d’extraire ces régions de leur périmètre immédiat, en les considérant comme des points d’intersection, en exhumant des liens qui les rattachaient à des mondes s’étendant de l’Inde à l’océan Atlantique, de l’Europe du Nord au Sahara, que la tradition universitaire a longtemps tenu à l’écart les uns des autres. Des pistes inattendues pourront ainsi surgir des vertus de la diachronie, de la rencontre des sources, ou encore du rapprochement d’expériences politiques parallèles.


Coordinateurs :
Daniel Baloup (Université Toulouse - Jean Jaurès), Yann Dejugnat (Université Bordeaux Montaigne) et Véronique Lamazou-Duplan (Université de Pau et des Pays de l'Adour)

Comité d'organisation :
Amaia Arizaleta (Université Toulouse - Jean Jaurès), David Bramoullé (Université Toulouse - Jean Jaurès), Gwladys Bernard (Casa de Velázquez), Laurence Cabrero-Ravel (Université de Pau et des Pays de l'Adour), Isabelle Cartron (Université Bordeaux Montaigne), Martine Charageat (Université Bordeaux Montaigne), Florian Gallon (Université Toulouse - Jean Jaurès), Fabienne Guillén (Université de Pau et des Pays de l'Adour), Céline Martin (Université Bordeaux Montaigne).