Responsables : Jacques des Courtils, Laurence Cavalier (Ausonius - Université Bordeaux Montaigne), Jean-Yves Marc (université de Strasbourg)

 

Fouillé depuis plus de cent ans par l’École française d’Athènes, Thasos est, parmi les sites du monde grec, un cas exceptionnel pour la richesse et l’abondance des sources, testimonia comme realia, relatives à l’histoire religieuse antique. Elles ont fait l’objet d’une première synthèse par J. Pouilloux et Chr. Dunant parue en 1954 et 1958 : Recherches sur l’histoire et cultes de Thasos. Depuis, l’importance des découvertes épigraphiques (calendrier sacré, culte impérial), l’étude systématique des offrandes (Thesmophorion, Artémision), la fouille d’un macellum (avec son fonctionnement particulier lié à des impératifs sacrificiels) et l’identification de plusieurs équipements cultuels sur l’agora (l’autel des Césars, l’autel sud-est, les hestiatoria, une cuisine, etc.), la découverte d’une trittoia, les études portant sur l’architecture et la topographie des grands sanctuaires (Athénaion, Héracléion, Artémision, Délion) imposent de reconsidérer l’ensemble de la question.

Le premier objectif du programme consiste dans la réalisation d’une synthèse des données archéologiques concernant les différents cultes, sur la base de la documentation disponible. De cette synthèse on dégagera un tableau à jour des sanctuaires, des divinités honorées, de rituels religieux connus et de la topographie religieuse de la ville. Ce tableau servira à son tour de base de réflexion pour comprendre dans la longue durée l’histoire religieuse de la cité. On étudiera la nature des cultes grecs et on mettra en évidence la présence d’éléments religieux allogènes dus à la forte présence indigène et qui expliquent certaines anomalies de cultes censément grecs. On reprendra aussi la question du rôle des Thraces et, peut-être, des Phéniciens dans l’exploitation des mines de Thasos. Enfin, on étudiera la transformation du paysage religieux à la suite de la conquête romaine, à partir du IIIe s., et les transformations radicales provoquées par la christianisation (destruction/transformation des sanctuaires païens). Des comparaisons avec d’autres sites coloniaux, en particulier Akragas (Sicile), permettront de repérer les constantes et les variantes locales, notamment à propos du culte, largement diffusé, de Déméter.