Responsable : Askold Ivantchik (DR CNRS)
 

La partie nord-occidentale de la région pontique (la région d’Odessa, Ukraine) représentait une zone de contacts entre des peuples des origines variées représentant de types culturels et économiques différents. Des groupes iranophones nomades et sédentaires (Scythes, ensuite Sarmates et Alains) coexistaient avec les Thraces et les Gètes de la région de Danube et les colons grecs (cités d’Olbia, de Nikonion et de Tyras). Les Celtes et les peuples germaniques étaient également présents. La situation politique variait d’une époque à l’autre : la région parfois était contrôlée par des royaumes locaux (scythes, tardo-scythes, sarmates, gètes), parfois était incluse aux structures supra-régionaux (la ligue athénienne, le royaume de Mithridate, l’Empire romaine). Cette réalité complexe est d’habitude décrite en termes hellénocentriques de la dichotomie Grecs – barbares, ce qui n’est pas adaptée à la région. Une longue coexistence des groupes mentionnés avait comme résultat la formation d’une unité culturelle dans le cadre de laquelle des gens possédaient des identités multiples, ce qui est souvent attesté dans des sociétés complexes, notamment de l’époque moderne. Ainsi, des nombreux représentants de l’élite de la cité d’Olbia du 2e et 3e siècles qui portaient des noms iraniens pendant plusieurs générations et possédaient la citoyenneté romaine se considéraient sans doute à la fois Grecs, Sarmates et Romains. Les identités ethniques et culturelles dans la population de la région seront étudiées sur la base des sources écrites, narratives et épigraphiques (y compris les données onomastiques), ainsi que numismatiques, archéologiques (les images sur le objets, éléments de rite funéraires, organisation de l’espace, architecture, traditions technologiques) et anthropologique (premièrement sur la base de la nécropole d’Olbia et de sa chora).

Le premier but du projet est le recensement des sources disponibles qui serviront ensuite de base pour des futurs recherches ; nous nous proposons de créer une base des données de telles sources. Les identités ethniques, culturelles, politiques et régionales appartiennent à la sphère idéologique au sens large du terme. Les sources principales sur ce sujet sont les sources écrites, littéraires et épigraphiques, ainsi que numismatiques. La catégorie de loin la plus informative et la plus abondante est les textes épigraphiques, et ce sont ces sources qui attirent notre attention particulière. La base des données des textes épigraphiques sera créée et les textes seront traités à l’aide du programme PETRAE. Une partie du matériel sera récupérée de la base IOSPE que nous avons développée dans les dernières années conjointement avec King’s College à Londres, mais la majorité sera saisie.

L’information provenant de ces sources sera complétée par une étude archéologique (les images sur les objets, éléments de rites funéraires, architecture, traditions technologiques de la production céramique). La recherche sera basée sur des données aussi bien publiées qu’inédites. Cette partie du projet sera effectuée principalement par nos partenaires ukrainiens qui continuent leurs fouilles à Olbia et dans sa région. Le partenaire principal du côté ukrainien est Alla Buyskikh, la directrice des fouilles d’Olbia qui dirige également le département de l’archéologie classique de l’Institut archéologique de Kiev. Cette étude est impossible sans une approche visant à préciser les pratiques funéraires par une approche archéothanatologique couplée à une l’étude biologique des défunts. Cette étude sera basée sur les matériaux de la nécropole d'Olbia, dont les fouilles ont été menées depuis longtemps, mais dont le matériel n'a pas encore été soumis aux études de ce genre. Le responsable de cette partie du projet est Patrice Courtaud.

Le projet a été financé par LabEx en 2018-2021.