Responsables : Natacha Sauvaitre, Archéologue société HADES, membre associée Ausonius (UMR 5607) et Coralie Demangeot, archéo-anthropologue, société HADES, membre associée PACEA (UMR 5199)

Financement : Mécénat privé (Château Ausone) (2012-et 2015), Ministère de la culture (SRA Aquitaine) (demande annuelle depuis 2016), mairie de Saint-Emilion (demande annuelle depuis 2016), bureau d’investigations archéologiques HADES (demande annuelle et aide logistique)

Les vestiges de l’église Sainte-Marie-Madeleine sont décrits partiellement par Léo Drouyn dans son guide du voyageur de Saint-Emilion paru en 1856. Ayant d’abord fait l’objet d’un diagnostic de l’INRAP en 2011, et après une première campagne de reconnaissance en 2012, la fouille programmée a débuté sur le site en 2015. Plus de 300 m² ont pu être explorés révélant les vestiges de l’église Sainte-Marie-Madeleine, citée vers 1110 dans une charte de l’archevêque Arnaud-Géraud de Cabanac (1103-1131), et son cimetière. Ce dernier, qui se développe dès le XIe siècle perdure jusqu’au XVIIe siècle, est connu dans les sources écrites pour avoir accueilli à l’époque moderne des tombes de protestants et des tombes de pestiférés.

Après sept campagnes de fouille, le projet rentre dans sa dernière demande de triennale (2020-2022). La chronologie relative est bien calée. L’église érigée sur le plateau comporte dans son état primitif (milieu XIe-première décennie XIIe siècle) une nef unique terminée par un chevet à pans coupés orné d’une chapelle axiale. Elle est par la suite agrandie sur le flanc nord avec l’installation d’un bas-côté (avant milieu XIIe siècle). Une avancée monumentale de type porche ou halle est construit dans un troisième temps (milieu XIIe-début XIIIe siècle). Cet aménagement (10,65 m x 8,80 m), destiné à accueillir les fidèles, se compose de huit supports carrés de 1,40 m de côté, tous bâtis selon le même modèle. Cet espace, ouvert sur ses trois côtés, se développe au-dessus du premier niveau d’inhumation. L’église, comme tous les édifices situés hors de la ville remparée, est détruite pour des questions de sûreté entre 1338-1340. Le porche dépourvu de ses parties hautes, poteaux et couverture, devient dès lors progressivement un espace funéraire spécialisé transformé en un simple enclos muré.

Quatre niveaux d’occupation funéraire ont été distingués : des tombes rupestres contemporaines du premier état de l’église, des coffres bâtis (milieu XIIe siècle), des pourrissoirs et des coffres bâtis et réutilisation de tombes rupestres (XIIIe-XVe), puis des cercueils et des tombes en pleine terre (époque moderne). L’originalité du site réside dans la forte concentration de pourrissoirs. Il s’agit de structures profondes soit maçonnées soit creusées dans la roche où le défunt est déposé sur des traverses le tant de sa décomposition avant de tomber dans le fond d’une fosse qui peut contenir plus d’une dizaine de restes d’individus.

Les étudiants voulant participer au chantier doivent déposer un CV et une lettre de motivation auprès du responsable d’opération avant le mois d’avril de chaque année.

Ce projet sert de « chantier-école » pour les universités de Bordeaux et de Bordeaux Montaigne. Ce chantier permet d’étudier de sa genèse à son abandon un cimetière d’une grande notoriété et de s’intéresser aux pratiques funéraires et à la population inhumée à Saint-Emilion.