Responsable : Jérôme France, PR histoire romaine Financement : IUF
L'idée de départ est de reprendre l'étude du Publicum portorii Illyrici, c'est-à-dire de l'organisation douanière de la grande région qui regroupait les provinces danubiennes de l'Empire romain (Rétie, Norique, Pannonies, Mésies, Thrace, Illyrie(s)/Dalmatie.). Il y a là un dossier documentaire très important, composé de plusieurs centaines d'inscriptions dont beaucoup ont été découvertes et publiées après la parution des deux anciens travaux sur la question, le livre de S. J. De Laet (Portorium. Étude sur l'organisation douanière chez les Romains surtout à l'époque du Haut-Empire, Bruges, 1949) et l'article de F. Vittinghoff (Article Portorium, Realencyclopädie der Classischen Altertumswissenschaft, 22, 1, 1953). Il est donc nécessaire d'y revenir pour intégrer ces nouveaux documents à une étude générale. Celle-ci devra également prendre en compte les progrès considérables qui ont été effectués dans le domaine des douanes romaines, notamment avec la publication du règlement de la ferme du portorium d'Asie (en dernier lieu, M. Cottier, The customs law of Asia, Oxford, 2008) et avec d'autres travaux dont les miens. À l'automne 2012 un colloque est organisé par l'Université Friedrich-Schiller de Iéna, sur les douanes dans l'Occident romain. J'y suis invité et ce sera l'occasion de présenter cette nouvelle orientation de notre activité.
Si la question douanière tient une place majeure dans la documentation épigraphique de ces régions, il apparaît cependant que ce projet doit être plus large, non seulement en ce qui concerne les champs explorés, mais aussi afin de pouvoir y intégrer des chercheurs dont les centres d'intérêt sont différents. Il y a là, en fait, la possibilité de lancer une opération portant sur un grand secteur de l'Empire romain afin d'analyser de façon approfondie l'ensemble du personnel administratif et militaire et d'y envisager tous les aspects de la présence de l'État et de ses rapports avec la population. De ce point de vue, l'intérêt de cette zone est très large et soulève de multiples problèmes. Rappelons d'abord qu'elle se trouvait sur la limite entre Occident et Orient, ce qui pourra permettre à l'enquête d'intégrer des données appartenant aux deux grandes cultures de l'Empire. D'autre part, et c'est essentiel, il s'agit d'une région frontière, intégrée à l’issue de la conquête augustéenne, et qui devient particulièrement instable dès le 2e siècle p.C. Pour cette raison l'empereur s'y rend de plus en plus fréquemment et parfois, comme Marc-Aurèle, y demeure pour de longues périodes. Cette présence entraîne évidemment des conséquences dont la présence de la cour et de la maison impériales, une activité de chancellerie et l'émergence de grandes villes de résidence comme Sirmium en Pannonie. Cependant, la densité urbaine y est demeurée plus faible et les cadres municipaux moins développés qu'ailleurs, dans les provinces de vieille tradition civique où les administrations des communautés locales suppléaient la faiblesse de l'appareil administratif romain. Dans l'ensemble, cette situation a conduit l'administration impériale à être plus étoffée et plus active et cela apparaît bien dans certains secteurs comme la Dacie. Ce contexte particulier fait donc de cette zone un cadre particulièrement favorable à l'étude du fonctionnement de l'État et du modèle impérial romain.
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