La charge de sénéchal est un office ancien dont la première mention en Aquitaine date de la seconde moitié du XIe siècle ne concernant alors que l’administration du Poitou. À l’origine, le rôle du sénéchal est d’assister le duc dans la gestion de ses domaines et d’exercer ses prérogatives en son absence. Sous le règne d’Édouard Ier (1272-1307) il existe quatre sénéchaussées, toutes placées sous l’autorité du sénéchal de Gascogne : la sénéchaussée de Saintonge, celle de Périgord (s’étendant aussi aux Limousin, Rouergue et Quercy), celle de l’Agenais et enfin celle de Bigorre. Ces sénéchaussées sont instables, disparaissant ou réapparaissant à la faveur des pertes et conquêtes territoriales (une sénéchaussée des Landes apparaît ainsi régulièrement). Les sénéchaux de Guyenne sont les représentants du duc dans ses domaines, charge comparable à celle des baillis du roi de France. Principal officier du duché, le sénéchal de Gascogne (d’Aquitaine après 1360) est quant à lui chargé de faire appliquer les ordres du roi-duc mais exerce aussi des fonctions judiciaires en première instance ou en appel. Sa cour de justice se réunit dans quatre agglomérations : Bordeaux, Bazas, Dax et Saint-Sever. Lors de son entrée en fonction, il doit jurer de respecter les coutumes et libertés locales ou particulières, obligation que le sénéchal John de Havering s’abstient de faire lors de sa nomination en juin 1289. Son oubli – volontaire ou non – est à l’origine d’un long conflit qui oppose les bourgeois de Bordeaux à Édouard Ier entre janvier 1290 et juillet 1291. Portée en appel au Parlement de Paris puis réglée à la cour d’Angleterre, cette affaire est évoquée dans les Rôles gascons par un acte d’Édouard Ier ordonnant que soient remboursés à John de Havering les frais extraordinaires que ses déplacements lui ont coûtés.
Après la disparition de la principauté d’Aquitaine en 1372, les pouvoirs du sénéchal de Gascogne sont élargis et s’apparentent davantage à ceux d’un " gouverneur militaire ". Il obtient ainsi le privilège de nommer une partie des officiers du duché, d’accorder des lettres de protection, de sauf-conduit ou de rémission, ou encore de conclure des trêves. Il peut aussi disposer des biens confisqués aux traîtres et recevoir les hommages féodaux au nom du roi-duc. Désormais commandant de l’armée, il est contraint de résider à Bordeaux à cause des conquêtes territoriales françaises. Directement nommés par le roi-duc, les sénéchaux sont révocables à n’importe quel moment. Entre 1248 et 1453, soixante-et-un sénéchaux de Gascogne se succèdent, certains occupant la charge à plusieurs reprises comme John de Havering (1289-1294 et 1305-1308), William Le Scrope (1383-1385 et 1390-1393) ou encore Robert de Vere (1441-1442 et 1445-1450). Quasiment tous sont Anglais, les nominations de Gascons (sept) ou Français (deux) répondant seulement à une stratégie diplomatique comme ce fut le cas pour le sénéchal Henri de Sully. Selon les conditions de paix mettant fin à la guerre de Saint-Sardos et conclues le 31 mai 1325 entre Édouard II (1307-1327) et Charles IV (1322-1328), le roi de France impose à la tête de la sénéchaussée de Gascogne Henri de Sully, administrateur et diplomate reconnu. Ce dernier est donc officiellement nommé par Édouard II le 13 juillet de la même année (C61/38, 19-20, membrane 7, 14).
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